Antidépresseurs faut-il s’en méfier ?

antidepresseurs

Des preuves scientifiques tronquées…

En 2008, les recherches du Dr Erick H. Turner, psychiatre américain, dénoncent les mensonges des compagnies pharmaceutiques. Selon lui, l’efficacité des antidépresseurs serait inférieure de 11% à 69% à ce que prétendent les recherches individuelles ! Par ailleurs, il remarque que certains fabricants d’antidépresseurs ne publient que les résultats positifs des essais cliniques menés sur leurs médicaments. Enfin, sur 74 essais cliniques soumis par les compagnies pharmaceutiques pour obtenir des autorisations de mise sur le marché, le chercheur constate que les 33 ayant donné des résultats négatifs ou discutables n’ont jamais été publiées dans les revues médicales ou l’ont été avec une présentation favorable…

Prozac, Déroxat, Effexor : inefficaces ?

Prozac®, Deroxat®, Effexor®… Ces antidépresseurs font partie des plus prescrits en France. Pourtant, selon l’analyse de 47 essais cliniques du chercheur anglais Irving Kirsch, ils n’apporteraient qu’un “petit” bénéfice, voire aucun, par rapport à un placebo dans le traitement de la dépression (surtout légère). Pour le Zoloft®, autre antidépresseur très prescrit, le laboratoire Pfizer qui le commercialise indique dans ses essais cliniques (1992) que “son effet antidépresseur chez les malades déprimés hospitalisés n’a pas encore fait l’objet d’études suffisantes”. Rien n’a été publié depuis. Enfin, selon une étude réalisée à partir de 117 essais, le Floxyfral® serait un des antidépresseurs les moins efficaces dans le traitement de la dépression modérée à sévère (par exemple par rapport au Zoloft® ou à l’Effexor®).

Des produits inefficaces contre la maladie ?

Les antidépresseurs sont prescrits pour lutter contre la dépression. Pourtant, ils ne la soignent pas vraiment… “Ces traitements ne rendent pas plus heureux. Ils n’agissent pas sur les causes de la maladie mais sur ses symptômes comme l’absence d’envie, la tristesse et le manque d’élan“, explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre. Faut-il reprocher aux antidépresseurs de ne pas s’attaquer aux causes de la maladie ? On ne le peut pas vraiment car “on ne les connaît pas, elles sont globalement inaccessibles et cela risque de durer encore longtemps”, conclut notre interlocuteur.
Attention : Les antidépresseurs agissent sur ces symptômes dans le cadre d’une dépression, c’est-à-dire quand on les ressent sur le long terme et non pas ponctuellement.

Des médicaments lents à agir…

“J’ai commencé un traitement à base d’antidépresseurs mais je ne ressens rien, est-ce normal ?”. A cette question que beaucoup se posent, le Dr Bertrand Gilot, médecin psychiatre, répond : “Oui, le délai d’action des antidépresseurs est de deux à trois semaines en général. C’est un délai incompressible pour que l’effet se manifeste.” En clair, il ne faut pas s’inquiéter et continuer son traitement. Ce n’est pas une preuve d’inefficacité.

A l’inverse, “si on se sent mieux au bout d’une semaine de prise d’antidépresseur, cela veut dire que l’on ne souffrait pas d’une dépression au sens médical du terme, mais d’une souffrance psychologique autre (suite à un deuil…)”, poursuit notre spécialiste. Dans ce cas, il faut retourner voir le médecin prescripteur pour faire un point sur le traitement.

Peu ou pas d’effet sur la déprime…

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les antidépresseurs ne peuvent pas être efficaces sur toutes les formes de dépression (légère, modérée, sévère).

Comme nous l’explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre : “On sait que plus la dépression est grave, plus les antidépresseurs sont efficaces. A l’inverse, ils le sont moins dans les cas de dépressions légères à modérées.” Or, “aujourd’hui, en France, les antidépresseurs sont le plus souvent prescrits dans ces cas-là.”

Des risques de suicides… camouflés !

En 2005, le ’’British Medical Journal’’ a révélé un document confidentiel datant de 1988 démontrant que le Prozac® pourrait accroître les risques d’actes violents et de suicide. Ces effets connus de son fabricant, le laboratoire E.Lilly, n’auraient jamais été transmis à la FDA, agence américaine délivrant l’autorisation de mise sur le marché. Le médicament a ainsi été commercialisé.

De même, en 2004, une étude clinique portant sur l’antidépresseur Cymbalta® (duloxétine) a entraîné 11 tentatives de suicide et 4 suicides effectifs aux Etats-Unis. La FDA, qui n’en a pas été informée, a commercialisé le médicament. Ces faits ne touchent à ce jour que ces deux médicaments, mais rien ne dit que les labos ne font pas d’autres “cachoteries”.

D’où viennent leurs effets pervers ?

“Tous les antidépresseurs peuvent entraîner une levée de l’inhibition“, explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre. L’ennui c’est que cet effet intervient avant le bienfait antidépresseur recherché. “Ils vont dans un premier temps améliorer le ralentissement psychomoteur. La personne va sentir qu’elle a plus d’énergie mais elle est toujours dans la même souffrance. Il y a alors une phase délicate de quelques jours avec un risque de passer à l’acte.” Selon le spécialiste, “cette levée de l’inhibition concerne surtout les personnes atteintes de dépressions graves, ayant des pensées suicidaires et un ralentissement physique et/ou psychique.” Néanmoins, il insiste sur le fait que dans tous les cas “il est très important d’avoir un suivi médical constant quand on prend des antidépresseurs.”

De très nombreux effets secondaires

Tous les antidépresseurs peuvent avoir des effets secondaires. “Les plus fréquemment observés sont, dans l’ordre, les troubles digestifs (nausée, constipation, diarrhée), la prise ou la perte de poids, puis les troubles de la libido (absence de désir et/ou de plaisir)”, explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre.

Mais des conséquences plus graves peuvent aussi intervenir : “Les antidépresseurs tricycliques [amitriptyline (Elavil®), clomipramine (Anafranil®)] peuvent entraîner une hypotension, des vertiges ou des troubles cardio-vasculaires. On peut aussi avoir des problèmes hématologiques ou de fonctionnement du rein avec les ISRS [ex : fluoxétine (Prozac®) ou sertraline (Zoloft®)].”

Les antidépresseurs, une affaire de gros sous !

Le marché des antidépresseurs est une véritable mine d’or pour les laboratoires ! Dans les années 1990, les ventes de Prozac® rapportaient 2,6 milliards de dollars par an au laboratoire E.Lilly. Celles de Zoloft® ont généré 2,7 milliards de dollars en 2002 (Pfizer). Et celles d’Effexor® ont rapporté en 2008 près de 4 milliards de dollars de chiffre d’affaires au laboratoire Wyeth (racheté par Pfizer en janvier 2009). Selon le Gers (Groupement pour l’élaboration et la réalisation de statistiques), le chiffre d’affaires dégagé par les ventes d’antidépresseurs en France a été multiplié par 6,7 entre 1980 et 2001, passant de 84 à 543 millions d’euros ! Les antidépresseurs représentaient ainsi 4 % des ventes totales de médicaments remboursables en 2001.

Antidépresseurs : à éviter ?

Effets secondaires, interactions nombreuses, traitement long et pas toujours concluant… Les antidépresseurs ne sont pas des médicaments à prendre à la légère. “Les gens doivent comprendre qu’un antidépresseur peut aider à soigner une dépression mais que ce n’est pas une urgence de le prendre. Ils doivent prendre le temps de la réflexion pour bien s’informer, comprendre et accepter le traitement. Ils doivent aussi ne pas hésiter à parler du vécu de leur traitement et à poser des questions à leur médecin.”

Un traitement antidépresseur doit faire l’objet d’un suivi médical.

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